Les troubles du développement du langage sont encore très largement considérés essentiellement du point de vue formel et instrumental. Alors que la dissociation des dimensions linguistique et pragmatique peut être une nécessité pour analyser des aspects formels du langage, elle ne se donne ni dans la pratique des locuteurs ni au cours de l’acquisition par les jeunes enfants. Au contraire, les structures linguistiques sont façonnées par les besoins communicationnels, les patterns récurrents déterminés par les usages ; il en est ainsi pour toutes les dimensions du langage, et plus particulièrement pour le discours. Cet exposé abordera la façon dont les facteurs pragmatiques et dialogiques orientent les conduites langagières des enfants ayant des troubles du développement du langage. Pour ce faire, nous présenterons quelques résultats d’un vaste projet de recherche mené par nos deux équipes. Nous nous centrerons sur la façon dont les enfants avec (5-7 ans) et sans TDL (4-7 ans) participent avec leur mère à différentes activités (lecture d’un livre sans texte, jeu symbolique et devinette). Les analyses ont porté, en considérant l’influence des activités, sur des aspects linguistiques de cette participation, sur leurs conduites discursives préférentielles et sur la prise en compte de l’interlocuteur. Conformément à l’approche dialogique, les productions des enfants ne sont pas envisagées de façon isolée mais dans la dynamique de co-construction avec le discours de leurs mères. Notre présentation et notre discussion se baseront sur la comparaison des sous-groupes d’enfants, sur la variabilité inter-individuelle et sur la capacité des enfants à modifier leurs conduites langagières en fonction des activités. Enfin, nous nous interrogerons sur ce que ces résultats ouvrent comme pistes sur les conditions d’évaluation du langage.
